Notre action

Art du Timbre Gravé est une association à but non lucratif fondée en 2005 par des graveurs, Pierre Albuisson, Yves Beaujard, Eve Luquet, André Lavergne, Claude Jumelet, Jacky Larrivière, et aussi des dessinateurs, des collectionneurs, des journalistes de la presse philatélique et des amateurs d’art et de gravure. Pierre Albuisson l’a animée jusqu’en 2016. Le président actuel est Pascal Rabier.

Le but de l’association est de promouvoir la gravure, et notamment l’art du dessin et de la gravure, en creux, pour l’impression des timbres-poste en taille-douce.
En effet, en France, le timbre gravé est une œuvre d’art depuis 1928 qui se collectionne pour sa beauté et son relief. C’est la plus petite et la plus économique des estampes.

Aimer les timbres, c’est aimer ceux qui les créent : les artistes du timbre. Ils utilisent une technique difficile et exigeante qui nécessite des années d’apprentissage. L’amateur de beaux timbres ou le collectionneur a t-il conscience quand il colle son timbre sur une enveloppe qu’il expédie un petit chef-d’œuvre reproduit selon des techniques originales ?

Cette transmission du savoir, l’art de la gravure, continue dans les écoles Estienne, Boulle ou Ferdinand-Filliod. Aujourd’hui, de jeunes artistes graveur(e)s perpétuent la tradition du timbre gravé. Malgré le développement du numérique, les techniques d’impression en héliogravure ou en offset, La Poste française continue cet art noble pour les valeurs fiduciaires : la taille-douce qui est du domaine de l’estampe.

Art du Timbre Gravé réunit environ 700 membres : créateurs de timbres, collectionneurs, négociants, postiers, associations philatéliques, opérateurs postaux, le Musée de La Poste. L’association édite une revue Del. & Sculp. deux fois par an, adresse une gravure originale et spécifique à chaque adhérent et organise des rencontres entre les artistes et les collectionneurs, notamment des séances de dédicaces. Elle souhaite développer des visites d’ateliers d’artistes.

Le manifeste de l’Art du Timbré Gravé (2005)

Nul ne saurait nier que la révolution informatique a bouleversé, entre autres, le paysage des arts graphiques.

Si l’informatique trouve aujourd’hui sa place dans les ateliers de gravure, elle demeure cependant étrangère à l’exercice d’un art qui mêle à une connaissance parfaite des techniques l’intelligence de la main. Tout l’art de la gravure est là, loin des caprices de la machine, et, le plus bel exemple qui se présente à nous est celui du timbre poste gravé en taille douce qui ne cesse de faire le bonheur des collectionneurs et des philatélistes. Certes, depuis que l’offset existe, la tentation a toujours été grande de produire des timbres à moindre coût et l’informatique a trouvé là un terrain plus que fertile. Mais c’est une illusion.

Il faut avoir clairement à l’esprit que de la défense du timbre gravé en taille douce dépend tout l’avenir d’un art et d’une profession. Défense d’un art européen, parce que la technique de la gravure en taille douce est attestée depuis le XVème siècle et qu’elle a trouvé de prestigieux représentants qui lui ont donné ses lettres de noblesse, tels Mantegna, Albrecht Dürer, Robert Nanteuil, Louis-Pierre Henriquel-Dupont, etc. Les œuvres de ces grands artistes figurent dans tous les musées et illustrent de nombreux ouvrages. Tout art, quel qu’il soit, est sous-tendu par une ou des techniques. Celles-ci ont la particularité, grâce à l’intelligence des hommes, de s’adapter aux exigences et aux modes du temps présent. Les pendules d’hier ne sont jamais celles d’aujourd’hui, sauf qu’une même mémoire les relie selon un fil invisible.

Quand, vers le milieu du XIXeme siècle, le timbre poste a fait son apparition, les graveurs ont trouvé là un débouché naturel au même titre qu’une source d’inspiration. Si naturel d’ailleurs, que ce sont les graveurs qui ont donné au timbre poste ses lettres de noblesse. Car, un timbre poste gravé en taille douce est d’abord, ne l’oublions jamais, une œuvre d’art. C’est aussi la plus petite et la plus économique.

Mais c’est aussi celle qui véhicule les plus glorieux symboles. A travers le timbre, on peut aussi lire l’image qu’une nation se donne d’elle-même et surtout ce qu’elle veut représenter. Le timbre poste révèle donc une symbolique lourde. Outre le panthéon des gloires nationales, il commémore tous les grands événements qui surviennent dans la vie d’une nation. En marge de cette symbolique, il y a aussi et surtout des artistes et une technique difficile et exigeante qui nécessite des années d’apprentissage. L’expérience est faite, ici aussi, de sueur et de sang.

Chacun d’entre nous a-t-il réellement conscience quand il colle son timbre sur une enveloppe qu’il expédie un petit chef d’œuvre reproduit selon des techniques originales ? Les collectionneurs ne s’y trompent pas qui recherchent uniquement les timbres gravés. Il faut aussi avoir présent à l’esprit que le timbre gravé des différents pays européens est le dernier refuge officiel de l’art figuratif. Ce qui est loin d’être négligeable à l’heure même où le marché de l’art semble s’être lui aussi mondialisé et, pour tout dire, banalisé !

Longtemps, la France a formé de nombreux graveurs dans toutes les disciplines. Mais, aujourd’hui, il devient urgent de se battre pour la survie de ce métier et le maintien de la tradition du timbre gravé en taille douce. Grâce à l’informatique et au procédé offset, n’importe quelle image peut être reproduite. La valeur ajoutée d‘un tel travail est quasiment nulle. Par ailleurs, on pourrait s’imaginer qu’un timbre conçu selon cette technique est nettement moins onéreux. Il n’en est rien, un timbre gravé n’est que de 10 % plus cher. L’argument ne tient donc pas. En revanche, le gain artistique est considérable. Œuvrer, disions-nous, à la survie de la maîtrise du dessin d’observation ,du graphisme et du métier de graveur en taille douce. Aujourd’hui les formations ressemblent plus à des initiations. Elles sont expédiées en deux ans comme c’est le cas dans la plupart des écoles d’Art. Il serait souhaitable que les jeunes puissent être dirigés vers les ateliers où des graveurs confirmés pourraient parfaire leur formation selon un modèle économique qui reste à définir. Car, à travers la gravure, c’est tout un patrimoine culturel qui est non seulement à préserver mais encore à enrichir.

Et, s’il est un domaine où la machine, si belle soit-elle, n’est pas opérante, c’est bien celui-là. La technique et la main qui guident la geste artistique sont uniques et irremplaçables.